Aeonium 'Hievec'

Le Rocher n'est pas d'une très haute altitude puisqu'il culmine à 18 mètres. Pourtant, il abrite une belle diversité botanique en raison notamment de sa position très privilégiée qui lui permet de ne quasiment jamais connaître le gel même quand ce dernier touche les alentours. Les fondateurs du Jardin exotique et leurs successeurs ont magnifiquement su tirer profit de ce microclimat et ils ont acclimaté différentes espèces qui cohabitent harmonieusement et fleurissent généreusement.

De nombreuses espèces d'aeonium peuplent le Rocher. Eux aussi fleurissent et le vent comme les insectes accomplissent leur travail de pollinisation... et d'hybridation. Des formes nouvelles apparaissent, certaines disparaissant rapidement et d'autres se font remarquer aussi bien par leur beauté que par leur permanence. C'est ainsi qu'à quelques mètres au-dessus du sol, flanqué entre quatre roches aussi lisses que massives, s'est incrustée la merveille. On lui a donné le beau nom d'aeonium 'Hievec'.

Dans la description qu'il donne de ce cultivar qu'il a ainsi baptisé, Giuseppe Tavormina reprend l'idée suivant laquelle l'aeonium 'Hievec' serait l'hybride des aeonium cuneatum et dodrantale. Nos études nous conduisent à conclure désormais sans le moindre doute que le deuxième parent est l'aeonium simsii. Et la paternité de cuneatum ne fait guère de doute. On retrouve ses feuilles coriaces, leur "croquant", pour reprendre les termes de Tavormina qui lui-même y met des guillemets.

Les amies du jardin exotique de Roscoff ont semé des graines de 'Hievec'. Certains plants sont très proches de cuneatum et de nombreux autres presque similaires à simsii. L'identification ne peut plus faire de doutes : 'Hievec' est l'hybride des aeonium cuneatum et simsii.

Sur le Rocher à Roscoff, l'aeonium 'Hievec' s'épanche à sa guise. Il couvre une bonne surface de sol et il poursuit sa course dans le vide, laissant ses très robustes tiges porter de grosses rosettes et d'autres plus petites qui les entourent. Les feuilles, acérées comme des lances, ne blesseront personne comme pourraient le faire les agaves ou les cactus du jardin. Elles n'ont d'agressivité qu'en apparence et sont douces au toucher comme l'est toute la plante.

Vraiment, n'adoptez pas l'aeonium 'Hievec' si vous ne pouvez pas lui donner de la place au fur et à mesure de sa croissance. Ce serait trop dommage et il s'en trouverait frustré tant il aime l'espace et la vue sur le large. Même si vous ne pouvez lui offrir cette dernière, accordez-lui au moins un pot de plus en plus grand et, bien mieux encore si votre région le permet, la vie en pleine terre. Il vous le rendra par une incroyable vigueur et une beauté très originale. Car même si les parents de cet hybride peuvent être reconnus dans sa forme, il résulte de leur mariage une plante tout à fait unique qui ne ressemble vraiment à aucune espèce botanique ni à aucun autre cultivar.